
Autonomiser et renforcer la position des femmes dans les chaînes de valeur mondiales à la suite de la pandémie Covid-19
mardi 26 janvier 2021 dans: Actualités
Le 19 janvier 2021, le Collectif Repenser les Filières a organisé une conférence en ligne : « Autonomiser et renforcer la position des femmes dans les chaînes de valeur mondiales à la suite de la pandémie Covid-19 ».
L’objectif principal de cet événement était d'informer et de sensibiliser les participants quant aux répercussions spécifiques auxquelles sont exposées les femmes puis d'explorer dans un deuxième temps les stratégies mises en place par la société civile pour y faire face et améliorer les politiques et pratiques du secteur privé et des gouvernements.
La crise actuelle du Covid-19 a mis en exergue les effets néfastes des systèmes de production non durables et continue inexorablement d'aggraver les inégalités préexistantes. Triste dénominateur commun à divers secteurs allant du textile à l'agriculture, ces effets négatifs sont particulièrement exacerbés pour les femmes.
Humaira Aziz de CARE Bangladesh, a détaillé à cette occasion l'impact de Covid-19 sur les travailleuses de l'industrie du textile en Asie du Sud. Les travailleurs du Cambodge, Myanmar, ou Bangladesh font face à des défis similaires liés à la perte d'emplois, à la réduction ou au manque de revenus réguliers, ainsi qu'à une insécurité alimentaire accrue. Une proportion importante de travailleuses a été forcée de quitter son emploi et est passée à des activités de soins non rémunérées ou à des secteurs économiques informels, une transition qui va malheureusement de pair avec un risque accru d'exploitation et de mauvaises conditions de travail.
Au-delà des graves répercussions sur l'emploi et des risques liés à la santé, la crise a renforcé leur exposition aux vulnérabilités économiques, aux pressions sociales et à la violence fondée sur le genre. Humaira Aziz a souhaité souligner l'obstacle récurrent auquel les femmes sont confrontées pour trouver un espace institutionnel leur permettant d'exprimer ouvertement leurs préoccupations collectives.
"Les femmes sont obligées de jouer un double rôle dans l'économie" a déclaré Alice Bordaçarre d'ActionAid France. Elles exercent à la fois un "travail reproductif", en s'occupant du ménage, des enfants et des personnes âgées, et un travail "productif" souvent mal rémunéré.
Si les activités des entreprises et multinationales ont des effets négatifs sur les droits de l'homme de manière transversale, le rapport d'ActionAid «Multinationales et droits des femmes: pour un devoir de vigilance intégrant la dimension de genre» nous montre que les femmes les subissent pourtant de manière différente et disproportionnée.
Les mesures volontaires se sont avérées jusqu'à lors largement insuffisantes pour prévenir et atténuer les abus dans les chaînes d'approvisionnement des entreprises. Les participants ont souligné la nécessité d'un instrument juridiquement contraignant qui couvre l'ensemble de la chaîne de valeur et comporte des mécanismes efficaces de de sanction ainsi qu'une dimension de genre ciblée.
Par conséquent, il est primordiale que la Commission européenne inclue une référence explicite au genre dans les législations (par ex., la législation sur la diligence raisonnable) et les politiques (par ex., la stratégie de l'UE pour le textile) à venir.
Afin d'exploiter pleinement le potentiel de la future législation européenne sur la diligence raisonnable, nous devons éviter le piège de se contenter d'un exercice formel consistant à cocher des cases de bonne conduite, un exercice bien souvent entièrement détaché de la réalité.
La législation doit assurer une juste transition vers des modes de production plus durables, une transition qui doit veiller à ne pas porter préjudice aux plus vulnérables en les exposant à des charges supplémentaires ou aux décisions arbitraires des entreprises de mettre fin à des contrats afin de remplir leurs nouvelles obligations. La responsabilité principale doit rester du ressort des employeurs et/ou acheteurs.
Enfin, Anne Marie Yao, de Fairtrade Afrique, a partagé avec nous un témoignage pratique sur un projet visant à autonomiser les femmes. En se focalisant sur le secteur du cacao en Afrique de l'Ouest, où les femmes sont confrontées à des obstacles systémiques pour accéder à des postes à responsabilité et devenir des leaders dans leurs communautés locales, elle a expliqué comment l' l'Ecole du Leadership des femmes en Côte d'Ivoire a été créée en 2017 pour aider à fournir aux femmes les outils nécessaires pour surmonter ces obstacles.
Les cours visent ainsi à donner à ces femmes la confiance, l'accès à l'information et les compétences techniques nécessaires pour lancer leur propre entreprise ou projet et gagner en autonomie dans leur vie quotidienne. Le programme a été ouverts aux hommes, aux jeunes garçons et aux jeunes filles, afin de leur permettre de s'engager activement dans une transformation des mentalités à l'échelle de leur communauté.
Grâce à toutes les expériences partagées par les panélistes, nous avons pu identifier certains des principaux défis et explorer les voies possibles pour offrir à la fois une réponse immédiate ainsi qu'une approche à long terme indispensable pour lutter contre les impacts négatifs spécifiques au genre tout au long de nos chaînes d'approvisionnement. Vous pouvez regarder l'enregistrement de l'événement ici.
Si vous aussi, vous êtes en faveur d’une économie fondée sur des principes de solidarité, de justice et de respect de l’environnement, et souhaitez par conséquent devenir membre ou associé du collectif « Repenser les Filières », vous pouvez obtenir plus d'informations en suivant ce lien.